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13 décembre 2014

Fin de vie. Jean Leonetti défend le "droit à la non-souffrance"

 

Le député UMP est le coauteur d'un rapport sur la fin de vie, qui propose une sédation profonde et continue aux malades dont le pronostic vital est engagé à court terme.

Entretien

Jean Leonetti, député des Alpes-Maritimes, coauteur du rapport sur la fin de vie.

Vous proposez d’administrer une sédation profonde et continue aux malades en phase terminale qui le souhaitent. Qu’entendez-vous par là ?

Nous ne parlons pas de "phase terminale" dans notre rapport. Nous proposons que la sédation profonde et continue soit administrée dans trois cas. 1. Si le pronostic vital du patient est engagé à court terme. 2. Si le patient, placé sous respirateur artificiel, demande la fin de son traitement. 3. Si les médecins, en collégialité, décident d’arrêter un traitement déraisonnable.

Comment juger qu’un malade est « arrivé au bout » ?

On a beaucoup de difficulté à définir cela. En pratique, on peut dire qu’on arrive dans cette phase quand, malgré un traitement continu, le malade continue à se dégrader. On peut parler de phase organique, de défaillance polyviscérale, quand plusieurs organes ne fonctionnent plus, ce qui peut entraîner des troubles de la conscience. On peut aussi mettre en avant le fait que le malade échappe aux thérapeutes, que sa souffrance ne peut être calmée.

L’association pour le droit de mourir dans la dignité estime que la sédation profonde revient à « faire mourir de faim et de soif les patients arrivés en fin de vie ». Que répondez-vous ?

Quelqu’un dont le pronostic vital est engagé à court terme, ce qui le tue, c’est sa maladie. Sur le plan physiologique et technique, la sédation profonde empêche tout ressenti. Je ne connais personne qui se soit réveillé après une anesthésie en ayant soif ou faim. Quand on arrête un respirateur, personne ne dit que le malade va s’étouffer, car cela se fait progressivement, et la sédation empêche toute sensation. Ces arguments sont employés par les mêmes personnes qui souhaitent que l’euthanasie soit légalisée. Or, on ne peut à la fois appuyer sur le frein et la pédale d’accélérateur.

A l’inverse, d’autres jugent que vous ouvrez la voie à l’euthanasie ou au suicide assisté…

De quel droit, on pourrait refuser à un patient en fin de vie le droit élémentaire à la non-souffrance ? C’est notre seul propos. Le suicide, c’est un sujet existentiel, philosophique. Pour se tuer, on n’a pas besoin d’un médecin. Ce que nous proposons, c’est autre chose : que les malades ne souffrent pas au moment de lâcher prise. La sédation ne tue pas. Pour que ce soit le cas, il faudrait des doses considérables. Encore une fois, ce qui accélère la mort, c’est la maladie, et rien d’autre.

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