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* Evynou 35 *
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24 août 2015

Le bains-douches pour tous à Paris, lieu d’hygiène et de dignité

eau UNE

MB-Fotografie / Pixabay CC

Dans son sac plastique, une savonnette, un peigne et sa serviette: les mercredis ou vendredis, c'est bains-douches pour Monsieur Fela, 82 ans. Des lieux oubliés des plus aisés, où l'on peut prendre une douche chaude et gratuite presque tous les jours. Construits à la fin du XIXe siècle dans un souci de "salubrité publique", quand la salle de bains était encore un luxe, les 17 bains-douches municipaux de Paris sont devenus gratuits en 2000 et ne désemplissent pas.

Ils sont 7.500 à venir tous les mois au « BD » de la rue des Haies, parmi les plus fréquentés, dans un quartier populaire de l’est parisien. Le bains-douches ne souffre que le singulier pour les habitués, et ne doit pas être confondu avec une célèbre boîte de nuit.

Dans la loge, une radio ronronne une chanson qui fut un jour à la mode. Carrelage blanc du sol au plafond, néons et une odeur de désinfectant. Des tuyaux d’arrosage serpentent sur les carreaux immaculés, l’ambiance oscille entre hôpital et piscine municipale d’avant-guerre, avec ses briques rouges extérieures et sa mosaïque de 1928.

Ici, on apporte son nécessaire de toilette et on vient souvent seul. Chacun sa cabine (il y en a 49 au total), son petit siège et son miroir. Sur la porte, un panneau permet d’écrire à la craie l’heure d’arrivée de la personne. Vingt minutes autorisées, mais « s’il n’y a pas trop de monde, on laisse plus longtemps », concède Alain Nedelec, qui travaille là depuis douze ans. Entre chaque passage, les cabines sont rincées et « passées à la raclette ».

« Depuis que c’est gratuit, on a plus de SDF. » Aucun jugement dans le ton d’Alain Nedelec : il y a quelque chose de « valorisant » dans ce travail, « dans le fait d’aider les gens (…). La dignité, c’est ce qu’ils viennent chercher ici en se lavant ».

On y compte 70% d’hommes mais il y a aussi des femmes et parfois des enfants, « surtout des familles roms ». Des histoires, des parcours qu’il dit ignorer. C’est qu’on ne discute pas souvent le bout de gras en attendant son tour. « On ne suit pas la vie des gens… On est là pour leur ‘donner’ une douche. Parfois, ils nous remercient », raconte-t-il les yeux brillants.

Pudeur

Les anecdotes, il n’en a pas, Alain. Tout juste peut-il citer celui qui ne veut pas la cabine n°13, l’Antillais avec qui on rigole franchement, le petit vieux avec qui on échange une poignée de main, celui qui se douchait tout habillé – doudoune comprise… « Je viens, je me nettoie et je me barre », lâche, laconique, Raski, un Algérien de 38 ans qui vit dans la rue et vient tous les jours depuis huit ans. Quand il ressort, une trentaine de minutes plus tard, il a les yeux rougis par le savon et une odeur de cèdre frais.

Personne ne s’attarde. La démarche pressée, certains gravissent les marches de l’entrée la bouteille fluo de gel douche à la main.

Certains ont bien une douche à la maison, comme M. Fela, mais « la cabine est trop petite ». L’étroitesse du baquet, la douche en panne : la réponse revient souvent dans la bouche des usagers, sans qu’on sache si elle tient plus de la pudeur ou de la réalité. Dans son petit studio de 10 m2, Ibrahim, étudiant en droit à Saint-Denis, a bien une douche, mais il préfère prendre sa trottinette et venir aux Haies une à deux fois par semaine. « Plus confortable », déclare-t-il, tout sourire.

Les jours de grosse affluence ? Le dimanche (fermeture à 11H30), la file d’attente peut aller jusqu’à 45 minutes et le mardi, après la fermeture du lundi. « Été comme hiver, il y a du monde. Pour nous, pas de changement, c’est tous les jours pareil ». L’hygiène et la dignité n’ont pas de saison.

par AFP

Source : http://www.gazette-sante-social.fr/21657/le-bains-douches-pour-tous-a-paris-lieu-dhygiene-et-de-dignite

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