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9 mars 2015

Emploi des femmes : austérité et loi Macron aggravent la situation

L’accès des femmes à l’emploi est un enjeu majeur car il constitue une première condition à leur autonomie financière. En France, comme dans la plupart des États membres de l’Union européenne (UE), le taux d’emploi des femmes a augmenté. Il a fortement progressé depuis les années 60, et se situe aujourd’hui autour de 60% (pour les 15 à 64 ans), à un niveau comparable à la moyenne de l’UE.

Les pays du Nord comme le Danemark affichent des taux nettement plus élevés tandis que dans la plupart des pays du Sud, et notamment en Grèce, ces taux sont inférieurs à la moyenne. Dans les pays de l’Est, où les taux d’emploi des femmes étaient élevés pendant la période socialiste, ils ont, à l’inverse, diminué dans certains cas.

Inégalités persistantes

Mais, malgré la promotion de l’égalité salariale dès 1957 et l’intégration en 1997 d’un objectif d’égalité dans la stratégie européenne pour l’emploi, les inégalités hommes-femmes dans l’emploi persistent.

Il y a d’abord la « ségrégation horizontale » des emplois. Les femmes sont surreprésentées dans certains métiers (secrétaires, infirmières, aides-soignantes, agents d’entretien, etc) et secteurs d’activité (services, secteur public, grande distribution), tandis que d’autres restent l’apanage des hommes (policiers, pompiers, etc. et secteur industriel).

Ensuite, la « ségrégation verticale » : les femmes accèdent difficilement aux plus hautes responsabilités économiques et politiques, comme si elles en étaient empêchées par des obstacles invisibles, que les Anglo-Saxons désignent par le terme « plafond de verre ».

Que les femmes aient un niveau d’éducation aujourd’hui supérieur à celui des hommes n’empêche pas qu’elles soient surreprésentées dans les emplois non qualifiés ! Qu’elles aient des niveaux d’instruction très élevées n’empêche pas non plus qu’elles soient surexposées aux carrières ralenties – le « plancher collant » qui les empêche de gravir les échelons !

La ségrégation sexuée des emplois ne s’est guère atténuée et reste très marquée en France comme dans le reste de l’UE.

Précarité renouvelée

Enfin, les formes de précarité de l’emploi des femmes se sont renouvelées. Si dans de nombreux pays de l’UE l’emploi informel a reculé, le temps partiel, lui, a augmenté, surtout dans les emplois tertiaires où les femmes sont très présentes.

En France, près du tiers des femmes (30%) travaille aujourd’hui à temps partiel contre 7% des hommes, des chiffres très proches de la moyenne de l’UE (respectivement 32% et 9%). Au total, ces inégalités se traduisent par la persistance d’écarts de salaires importants. En France, le salaire horaire des femmes est inférieur de 15% à celui des hommes (16% en moyenne dans l’UE), mais l’écart de salaire mensuel avoisine les 25% en raison de la fréquence du temps partiel.

Et, à poste, secteur et carrière équivalents, il reste une part des différences salariales inexpliquée, elle est estimée à environ 8% en France.

Premières victimes de l’austérité

Les politiques d’égalité qui avaient accompagné la hausse des taux d’emploi sont aujourd’hui à la peine dans l’Union européenne. Du fait des règles budgétaires qu’elle s’est données, l’UE est piégée dans l’austérité.

De plus, les pays de la zone euro, faute de pouvoir dévaluer leur monnaie, optent souvent pour des politiques dites de dévaluation interne, de compression des salaires et de flexibilisation des emplois. Ils s’engagent donc, les uns après les autres, non seulement sur la voie de l’austérité mais aussi sur celle de la dérégulation du marché du travail.

Pour les femmes, c’est la double peine. Sur le front de la protection sociale d’abord, parce que leurs revenus dépendent davantage que ceux des hommes des transferts sociaux. Sur le front de l’emploi ensuite, parce qu’elles sont concentrées dans les secteurs les plus concernés par les mesures d’austérité (gel des salaires ou des recrutements dans le secteur public) et par la dérégulation de l’emploi (par exemple, les mini-jobs en Allemagne) dans les services.

Les politiques d’égalité n’empêchent pas les inégalités

L’austérité et l’égalité entre femmes et hommes ne font pas bon ménage. La France en fournit une bonne illustration. Les politiques d’égalité qui y sont menées depuis les années 80 n’ont pas empêché les inégalités de se perpétuer.

Alors que se construisait ce qu’il est convenu d’appeler un « féminisme d’État » (un ensemble d’institutions publiques chargées de faire progresser les droits des femmes et l’égalité), et que se mettait en place la loi Roudy du 13 juillet 1983 qui a marqué les politiques d’égalité professionnelle, la France prenait le tournant de la rigueur et d’une politique de l’emploi favorisant le temps partiel et la précarisation de l’emploi des femmes.

Les politiques publiques ont d’un côté encouragé – sans grand succès – les entreprises à agir en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, et de l’autre, porté – avec succès – une répartition inégalitaire des temps de travail.

Autant de femmes au Parlement qu’en Afghanistan

On retrouve depuis l’élection de François Hollande cette même tension entre une politique active de promotion de l’égalité entre femmes et hommes et des politiques d’austérité et de dérégulation du marché du travail aux effets inégalitaires.

D’un côté des progrès ont été accomplis sur l’égalité en politique, comme la parité entre ministres – même si beaucoup reste à faire, en particulier à l’Assemblée nationale où, malgré un record du nombre de femmes élues députées, avec près de 28% la parité est encore loin d’être atteinte, la France se situant au même niveau que l’Afghanistan et la Tunisie, et faisant moins bien que l’Algérie (32%).

Des lois économiques aux effets délétères

De l’autre, des lois porteuses d’effets inégalitaires continuent à être adoptées. Ainsi, si la loi du 14 juin 2013 sur la « sécurité de l’emploi » a défini un minimum de 24 heures hebdomadaires pour le temps partiel (en excluant de nombreux secteurs de l’obligation de s’y conformer), elle a flexibilisé et annualisé le temps partiel, le rendant plus attractif pour les employeurs.

Quant à la loi Macron sur la croissance économique et l’activité, elle prévoit dans le secteur du commerce l’extension du travail le dimanche, en soirée et de nuit, au risque de précariser davantage l’emploi des femmes qui sont majoritaires dans ce secteur.

La politique d’austérité et de réduction des déficits dans laquelle le gouvernement s’est résolument engagé comporte des effets plus délétères encore. Elle a ainsi entériné la poursuite de la réduction des effectifs et des gels de salaires dans la fonction publique où les femmes sont majoritaires : sur les 60 000 créations de postes d’enseignant/es annoncées, très peu ont vu le jour. Quant à la croissance du nombre de places en crèche, elle a été nettement moindre que prévu ; or l’insuffisance de l’offre d’accueil des jeunes enfants est un obstacle à l’emploi des mères.

Une politique d’affichage

Sortir les politiques européennes d’égalité entre femmes et hommes de l’impasse suppose d’en finir avec le pilotage par l’austérité, anti-démocratique et contraire au progrès social. Cela suppose aussi de cesser de faire de l’emploi une variable d’ajustement et de garantir la qualité des emplois (salaires minima, temps de travail).

Sinon, la politique d’égalité professionnelle risque de rester une politique d’affichage, impuissante face à la recomposition des inégalités entre femmes et hommes.

Esther Jeffers et Anne Eydoux

Source :

http://riverains.rue89.nouvelobs.com/user/219867

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7 mars 2015

Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne

Lettre d’Olympe de Gouges à Marie-Antoinette

A la mi-septembre 1791, dans la foulée de la révolution française, une femme singulière en son temps, Olympe de Gouges, écrivait une longue lettre à la reine Marie-Antoinette contenant, cadeau inouï, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Ecrivaine révolutionnaire, abolitionniste et féministe avant l’heure, elle y fait entendre la voix de toutes les femmes en réclamant justice à son sexe, et des droits civiques et politiques strictement égaux à ceux des hommes. Bien que cette déclaration ne soit pas restée lettre morte, que les féminismes de tous bords transforment chaque jour la société, elle n’est pas encore accomplie ni achevée. En hommage à cette pionnière et ses émules, au nom des combats pour la condition de la femme, voici cette lettre et cette déclaration historiques !

Madame,

Peu faite au langage que l’on tient aux Rois, je n’emploierai point l’adulation des Courtisans pour vous faire hommage de cette singulière production. Mon but, Madame, est de vous parler franchement ; je n’ai pas attendu pour m’exprimer ainsi, l’époque de la Liberté : je me suis montrée avec la même énergie dans un temps où l’aveuglement des Despotes punissait une si noble audace.

Lorsque tout l’Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamités, moi seule, dans un temps de trouble et d’orage, j’ai eu la force de prendre votre défense. Je n’ai jamais pu me persuader qu’une Princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous les vices de la bassesse.

Oui, Madame, lorsque j’ai vu le glaive levé sur vous, j’ai jeté mes observations entre ce glaive et la victime ; mais aujourd’hui que je vois qu’on observe de près la foule de mutins soudoyée, & qu’elle est retenue par la crainte des lois, je vous dirai, Madame, ce que je ne vous aurais pas dit alors.

Si l’étranger porte le fer en France, vous n’êtes plus à mes yeux cette Reine faussement inculpée, cette Reine intéressante, mais une implacable ennemie des Français. Ah ! Madame, songez que vous êtes mère et épouse ; employez tout votre crédit pour le retour des Princes. Ce crédit, si sagement appliqué, raffermit la couronne du père, la conserve au fils, et vous réconcilie l’amour des Français. Cette digne négociation est le vrai devoir d’une Reine. L’intrigue, la cabale, les projets sanguinaires précipiteraient votre chute, si l’on pouvait vous soupçonner capable de semblables desseins.

Qu’un plus noble emploi, Madame, vous caractérise, excite votre ambition, et fixe vos regards. Il n’appartient qu’à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du poids à l’essor des Droits de la Femme, et d’en accélérer les succès. Si vous étiez moins instruite, Madame, je pourrais craindre que vos intérêts particuliers ne l’emportassent sur ceux de votre sexe. Vous aimez la gloire ; songez, Madame, que les plus grands crimes s’immortalisent comme les plus grandes vertus ; mais quelle différence de célébrité dans les fastes de l’histoire ! l’une est sans cesse prise pour exemple, et l’autre est éternellement l’exécration du genre humain.

On ne vous fera jamais un crime de travailler à la restauration des moeurs, à donner à votre sexe toute la consistance dont il est susceptible. Cet ouvrage n’est pas le travail d’un jour, malheureusement pour le nouveau régime. Cette révolution ne s’opérera que quand toutes les femmes seront pénétrées de leur déplorable sort, & des droits qu’elles ont perdus dans la société. Soutenez, Madame, une si belle cause ; défendez ce sexe malheureux, et vous aurez bientôt pour vous une moitié du royaume, et le tiers au moins de l’autre.

Voilà, Madame, voilà par quels exploits vous devez vous signaler et employer votre crédit. Croyez-moi, Madame, notre vie est bien peu de chose, surtout pour une Reine, quand cette vie n’est pas embellie par l’amour des peuples, et par les charmes éternels de la bienfaisance.

S’il est vrai que des Français arment contre leur patrie toutes les puissances, pourquoi ? pour de frivoles prérogatives, pour des chimères. Croyez, Madame, si j’en juge par ce que je sens, le parti monarchique se détruira de lui-même, qu’il abandonnera tous les tyrans, et tous les cœurs se rallieront autour de la patrie pour la défendre.

Voilà, Madame, voilà quels sont mes principes. En vous parlant de ma patrie, je perds de vue le but de cette dédicace. C’est ainsi que tout bon citoyen sacrifie sa gloire, ses intérêts, quand il n’a pour objet que ceux de son pays.

Je suis avec le plus profond respect, Madame, Votre très-humble et très-obéissante servante, De Gouges.


LES DROITS DE LA FEMME.

Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l’oses, l’exemple de cet empire tyrannique.

Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d’œil sur toutes les modifications de la matière organisée ; et rends-toi à l’évidence quand je t’en offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes dans l’administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d’œuvre immortel.

L’homme seul s’est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l’ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l’égalité, pour ne rien dire de plus.

DÉCLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE,

À décréter par l’assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la prochaine législature.

Préambule

Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution, des bonnes moeurs, et au bonheur de tous.

En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne.

Article premier.

La Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

II.

Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la Femme et de l’Homme : ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l’oppression.

III.

Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n’est que la réunion de la Femme et de l’Homme : nul corps, nul individu, ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

IV.

La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison.

V.

Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société : tout ce qui n’est pas défendu par ces lois, sages et divines, ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elles n’ordonnent pas.

VI.

La Loi doit être l’expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, & sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.

VII.

Nulle femme n’est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, & détenue dans les cas déterminés par la Loi. Les femmes obéissent comme les hommes à cette Loi rigoureuse.

VIII.

La Loi ne doit établir que des peines strictement & évidemment nécessaires, & nul ne peut être puni qu’en vertu d’une Loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée aux femmes.

IX.

Toute femme étant déclarée coupable ; toute rigueur est exercée par la Loi.

X.

Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public établi par la Loi.

XI.

La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfants. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d’un enfant qui vous appartient, sans qu’un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

XII.

La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée pour l’avantage de tous, & non pour l’utilité particulière de celles à qui elle est confiée.

XIII.

Pour l’entretien de la force publique, & pour les dépenses d’administration, les contributions de la femme et de l’homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie.

XIV.

Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhérer que par l’admission d’un partage égal, non-seulement dans la fortune, mais encore dans l’administration publique, et de déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée de l’impôt.

XV.

La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte, à tout agent public, de son administration.

XVI.

Toute société, dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution ; la constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation, n’a pas coopéré à sa rédaction.

XVII.

Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés ; elles ont pour chacun un droit lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité.

Postambule

Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. L’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices de l’homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot du Législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs Français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. S’ils s’obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l’énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être Suprême. Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir. Passons maintenant à l’effroyable tableau de ce que vous avez été dans la société ; & puisqu’il est question, en ce moment, d’une éducation nationale, voyons si nos sages Législateurs penseront sainement sur l’éducation des femmes.

Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont été leur partage. Ce que la force leur avait ravi, la ruse leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistait pas. Le poison, le fer, tout leur était soumis ; elles commandaient au crime comme à la vertu. Le gouvernement français, surtout, a dépendu, pendant des siècles, de l’administration nocturne des femmes ; le cabinet n’avait point de secret pour leur indiscrétion ; ambassade, commandement, ministère, présidence, pontificat, cardinalat ; enfin tout ce qui caractérise la sottise des hommes, profane et sacré, tout a été soumis à la cupidité et à l’ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la révolution, respectable et méprisé.

Dans cette sorte d’antithèse, que de remarques n’ai-je point à offrir ! je n’ai qu’un moment pour les faire, mais ce moment fixera l’attention de la postérité la plus reculée. Sous l’ancien régime, tout était vicieux, tout était coupable ; mais ne pourrait-on pas apercevoir l’amélioration des choses dans la substance même des vices ? Une femme n’avait besoin que d’être belle ou aimable ; quand elle possédait ces deux avantages, elle voyait cent fortunes à ses pieds. Si elle n’en profitait pas, elle avait un caractère bizarre, ou une philosophie peu commune, qui la portait au mépris des richesses ; alors elle n’était plus considérée que comme une mauvaise tête ; la plus indécente se faisait respecter avec de l’or ; le commerce des femmes était une espèce d’industrie reçue dans la première classe, qui, désormais, n’aura plus de crédit. S’il en avait encore, la révolution serait perdue, et sous de nouveaux rapports, nous serions toujours corrompus ; cependant la raison peut-elle se dissimuler que tout autre chemin à la fortune est fermé à la femme que l’homme achète, comme l’esclave sur les côtes d’Afrique. La différence est grande ; on le sait. L’esclave commande au maître ; mais si le maître lui donne la liberté sans récompense, et à un âge où l’esclave a perdu tous ses charmes, que devient cette infortunée ? Le jouet du mépris ; les portes mêmes de la bienfaisance lui sont fermées ; elle est pauvre et vieille, dit-on ; pourquoi n’a-t-elle pas su faire fortune ? D’autres exemples encore plus touchants s’offrent à la raison. Une jeune personne sans expérience, séduite par un homme qu’elle aime, abandonnera ses parents pour le suivre ; l’ingrat la laissera après quelques années, et plus elle aura vieilli avec lui, plus son inconstance sera inhumaine ; si elle a des enfants, il l’abandonnera de même. S’il est riche, il se croira dispensé de partager sa fortune avec ses nobles victimes. Si quelque engagement le lie à ses devoirs, il en violera la puissance en espérant tout des lois. S’il est marié, tout autre engagement perd ses droits. Quelles lois restent-il donc à faire pour extirper le vice jusques dans la racine ? Celle du partage des fortunes entre les hommes et les femmes, et de l’administration publique. On conçoit aisément que celle qui est née d’une famille riche, gagne beaucoup avec l’égalité des partages. Mais celle qui est née d’une famille pauvre, avec du mérite et des vertus ; quel est son lot ? La pauvreté et l’opprobre. Si elle n’excelle pas précisément en musique ou en peinture, elle ne peut être admise à aucune fonction publique, quand elle en aurait toute la capacité. Je ne veux donner qu’un aperçu des choses, je les approfondirai dans la nouvelle édition de mes ouvrages politiques que je me propose de donner au public dans quelques jours, avec des notes.

Je reprends mon texte quant aux moeurs. Le mariage est le tombeau de la confiance & de l’amour. La femme mariée peut impunément donner des bâtards à son mari, et la fortune qui ne leur appartient pas. Celle qui ne l’est pas, n’a qu’un faible droit : les lois anciennes et inhumaines lui refusaient ce droit sur le nom & sur le bien de leur père, pour ses enfants, et l’on n’a pas fait de nouvelles lois sur cette matière. Si tenter de donner à mon sexe une consistance honorable et juste, est considéré dans ce moment comme un paradoxe de ma part, et comme tenter l’impossible, je laisse aux hommes à venir la gloire de traiter cette matière ; mais, en attendant, on peut la préparer par l’éducation nationale, par la restauration des moeurs et par les conventions conjugales.

Forme du Contrat social de l’Homme et de la Femme.

Nous N et N, mus par notre propre volonté, nous unissons pour le terme de notre vie, et pour la durée de nos penchants mutuels, aux conditions suivantes : Nous entendons & voulons mettre nos fortunes en communauté, en nous réservant cependant le droit de les séparer en faveur de nos enfants, et de ceux que nous pourrions avoir d’une inclination particulière, reconnaissant mutuellement que notre bien appartient directement à nos enfants, de quelque lit qu’ils sortent, et que tous indistinctement ont le droit de porter le nom des pères et mères qui les ont avoués, et nous imposons de souscrire à la loi qui punit l’abnégation de son propre sang. Nous nous obligeons également, au cas de séparation, de faire le partage de notre fortune, et de prélever la portion de nos enfants indiquée par la loi ; et, au cas d’union parfaite, celui qui viendrait à mourir, se désisterait de la moitié de ses propriétés en faveur de ses enfants ; et l’un mourait sans enfants, le survivant hériterait de droit, à moins que le mourant n’ait disposé de la moitié du bien commun en faveur de qui il jugerait à propos.

Voilà à-peu-près la formule de l’acte conjugal dont je propose l’exécution. À la lecture de ce bizarre écrit, je vois s’élever contre moi les tartuffes, les bégueules, le clergé et toute la séquelle infernale. Mais combien il offrira aux sages de moyens moraux pour arriver à la perfectibilité d’un gouvernement heureux ! j’en vais donner en peu de mots la preuve physique. Le riche Épicurien sans enfants, trouve fort bon d’aller chez son voisin pauvre augmenter sa famille. Lorsqu’il y aura une loi qui autorisera la femme du pauvre à faire adopter au riche ses enfants, les liens de la société seront plus resserrés, et les moeurs plus épurées. Cette loi conservera peut-être le bien de la communauté, et retiendra le désordre qui conduit tant de victimes dans les hospices de l’opprobre, de la bassesse et de la dégénération des principes humains, où, depuis longtemps, gémit la nature. Que les détracteurs de la saine philosophie cessent donc de se récrier contre les moeurs primitives, ou qu’ils aillent se perdre dans la source de leurs citations.

Je voudrais encore une loi qui avantageât les veuves et les demoiselles trompées par les fausses promesses d’un homme à qui elles se seraient attachées ; je voudrais, dis-je, que cette loi forçât un inconstant à tenir ses engagements, ou à une indemnité proportionnelle à sa fortune. Je voudrais encore que cette loi fût rigoureuse contre les femmes, du moins pour celles qui auraient le front de recourir à une loi qu’elles auraient elles-mêmes enfreinte par leur inconduite, si la preuve en était faite. Je voudrais, en même temps, comme je l’ai exposée dans le Bonheur primitif de l’homme, en 1788, que les filles publiques fussent placées dans des quartiers désignés. Ce ne sont pas les femmes publiques qui contribuent le plus à la dépravation des moeurs, ce sont les femmes de la société. En restaurant les dernières, on modifie les premières. Cette chaîne d’union fraternelle offrira d’abord le désordre, mais par les suites, elle produira à la fin un ensemble parfait.

J'offre un moyen invincible pour élever l’âme des femmes ; c’est de les joindre à tous les exercices de l’homme : si l’homme s’obstine à trouver ce moyen impraticable, qu’il partage avec la femme, non à son caprice, mais par la sagesse des lois. Le préjugé tombe, les moeurs s’épurent, et la nature reprend tous ses droits. Ajoutez-y le mariage des prêtres ; le Roi, raffermi sur son trône, et le gouvernement français ne saurait plus périr.

Il était bien nécessaire que je dise quelques mots sur les troubles que cause, dit-on, le décret en faveur des hommes de couleur, dans nos îles. C’est là où la nature frémit d’horreur ; c’est là où la raison et l’humanité, n’ont pas encore touché les âmes endurcies ; c’est là sur-tout où la division et la discorde agitent leurs habitants. Il n’est pas difficile de deviner les instigateurs de ces fermentations incendiaires : il y en a dans le sein même de l’Assemblée Nationale : ils allument en Europe le feu qui doit embraser l’Amérique. Les Colons prétendent régner en despotes sur des hommes dont ils sont les pères et les frères ; et méconnaissant les droits de la nature, ils en poursuivent la source jusque dans la plus petite teinte de leur sang. Ces colons inhumains disent : notre sang circule dans leurs veines, mais nous le répandrons tout, s’il le faut, pour assouvir notre cupidité, ou notre aveugle ambition. C’est dans ces lieux les plus près de la nature, que le père méconnaît le fils ; sourd aux cris du sang, il en étouffe tous les charmes ; que peut-on espérer de la résistance qu’on lui oppose ? la contrainte avec violence, c’est la rendre terrible, la laisser encore dans les fers, c’est acheminer toutes les calamités vers l’Amérique. Une main divine semble répandre par tout l’apanage de l’homme, la liberté ; la loi seule a le droit de réprimer cette liberté, si elle dégénère en licence ; mais elle doit être égale pour tous, c’est elle sur-tout qui doit renfermer l’Assemblée Nationale dans son décret, dicté par la prudence et par la justice. Puisse-t-elle agir de même pour l’état de la France, et se rendre aussi attentive sur les nouveaux abus, comme elle l’a été sur les anciens qui deviennent chaque jour plus effroyables ! Mon opinion serait encore de raccommoder le pouvoir exécutif avec le pouvoir législatif, car il me semble que l’un est tout, et que l’autre n’est rien ; d’où naîtra, malheureusement peut-être, la perte de l’Empire Français. Je considère ces deux pouvoirs, comme l’homme et la femme qui doivent être unis, mais égaux en force et en vertu, pour faire un bon ménage.

Il est donc vrai que nul individu ne peut échapper à son sort ; j’en fais l’expérience aujourd’hui.

J’avais résolu & décidé de ne pas me permettre le plus petit mot pour rire dans cette production, mais le sort en a décidé autrement : voici le fait :

L’économie n’est point défendue, surtout dans ce temps de misère. J’habite la campagne. Ce matin à huit heures je suis partie d’Auteuil, & me suis acheminée vers la route qui conduit de Paris à Versailles, où l’on trouve souvent ces fameuses guinguettes qui ramassent les passants à peu de frais. Sans doute une mauvais étoile me poursuivait dès le matin. J’arrive à la barrière où je ne trouve pas même le triste sapin aristocrate. Je me repose sur les marches de cet édifice insolent qui recélait des commis. Neuf heures sonnent, & je continue mon chemin : une voiture s’offre à mes regards, j’y prends place, et j’arrive à neuf heures un quart, à deux montres différentes, au Pont-Royal. J’y prends le sapin, & je vole chez mon Imprimeur, rue Christine, car je ne peux aller que là si matin : en corrigeant mes épreuves, il me reste toujours quelque chose à faire ; si les pages ne sont pas bien serrées et remplies. Je reste à-peu-près vingt minutes ; & fatiguée de marche, de composition et de d’impression, je me propose d’aller prendre un bain dans le quartier du Temple, où j’allais dîner. J’arrive à onze heures moins un quart, à la pendule du bain ; je devais donc au cocher une heure & demie ; mais, pour ne pas avoir de dispute avec lui, je lui offre 48 sols : il exige plus, comme d’ordinaire ; il fait du bruit. Je m’obstine à ne vouloir plus lui donner que son dû, car l’être équitable aime mieux être généreux que dupe. Je le menace de la loi, il me dit qu’il s’en moque, & que je lui paierai deux heures. Nous arrivons chez un commissaire de paix, que j’ai la générosité de ne pas nommer, quoique l’acte d’autorité qu’il s’est permis envers moi, mérite une dénonciation formelle. Il ignorait sans doute que la femme qui réclamait sa justice était la femme auteur de tant de bienfaisance & d’équité. Sans avoir égard à mes raisons, il me condamne impitoyablement à payer au cocher ce qu’il me demandait. Connaissant mieux la loi que lui, je lui dis, Monsieur, je m’y refuse, & je vous prie de faire attention que vous n’êtes pas dans le principe de votre charge. Alors, cet homme, ou, pour mieux dire, ce forcené s’emporte, me menace de la Force si je ne paye à l’instant, ou de rester toute la journée dans son bureau. Je lui demande de me faire conduire au tribunal de département ou à la mairie, ayant à me plaindre de son coup d’autorité. Le grave magistrat, en redingote poudreuse & dégoûtante comme sa conversation, m’a dit plaisamment : cette affaire ira sans doute à l’Assemblée Nationale ! Cela se pourrait bien, lui dis-je ; & je m’en fus moitié furieuse & moitié riant du jugement de ce moderne Bride-Oison, en disant : c’est donc là l’espèce d’homme qui doit juger un peuple éclairé ! On ne voit que cela. Semblables aventures arrivent indistinctement aux bons patriotes, comme aux mauvais. Il n’y a qu’un cri sur les désordres des sections & des tribunaux. La justice ne se rend pas ; la loi est méconnue, & la police se fait, Dieu sait comment. On ne peut plus retrouver les cochers à qui l’on confie des effets ; ils changent les numéros à leur fantaisie, & plusieurs personnes, ainsi que moi, ont fait des pertes considérables dans les voitures. Sous l’ancien régime, quel que fût son brigandage, on trouvait la trace de ses pertes, en faisant un appel nominal des cochers, & par l’inspection exacte des numéros ; enfin on était en sûreté. Que font ces juges de paix ? que font ces commissaires, ces inspecteurs du nouveau régime ? Rien que des sottises & des monopoles. L’Assemblée Nationale doit fixer toute son attention sur cette partie qui embrasse l’ordre social.

P.S. Cet ouvrage était composé depuis quelques jours ; il a été retardé encore à l’impression ; et au moment que M. Taleyrand, dont le nom sera toujours cher à la postérité, venant de donner son ouvrage sur les principes de l’éducation nationale, cette production était déjà sous la presse. Heureuse si je me suis rencontrée avec les vues de cet orateur ! Cependant je ne puis m’empêcher d’arrêter la presse, et de faire éclater la pure joie, que mon cœur a ressentie à la nouvelle que le roi venait d’accepter la Constitution, et que l’assemblée nationale, que j’adore actuellement, sans excepter l’abbé Maury ; et la Fayette est un dieu, avait proclamé d’une voix unanime une amnistie générale. Providence divine, fais que cette joie publique ne soit pas une fausse illusion ! Renvoie-nous, en corps, tous nos fugitifs, et que je puisse avec un peuple aimant voler sur leur passage ; et dans ce jour solennel, nous rendrons tous hommage à ta puissance.

5 mars 2015

L'explication de Jean-Jacques Goldman

Jean-Jacques Goldman a accordé une interview exclusive au Petit Journal de Canal + ce mercredi soir pour répondre à la polémique de la chanson des Enfoirés.

Jean-Jacques Goldman est quelqu'un de discret dans les médias. Très discret. Exceptées ses apparitions lors de la retransmission du concert annuel des Enfoirés sur TF1 on ne le voit plus sur le petit écran depuis sa retraite musicale. Le très consensuel « JJG » maîtrise également très bien sa communication. 15 ans qu'il n'a pas accordé d'interview. Alors forcément la polémique sur la chanson des Enfoirés jugée réac' l'a fait sortir de son calme olympien. Vendredi, l'interprète de « Je marche seul » s'est exprimé sur Twitter puis dans une lettre ouverte diffusée par les Enfoirés.

Mais ce mercredi soir, c'est à la télé que la personnalité préférée des Français est montée au créneau pour défendre la nouvelle chanson des Restos, taxée d'« anti-jeunes »

Jacques Attali étrillé

Avec beaucoup d'ironie et de second degré. Dans une interview décalée, accordée au Petit Journal de Canal+  il a répondu avec humour aux attaques. Contre le côté réac' des paroles mais aussi contre les piques lancées par Jacques Attali qui a avoué sur Twitter avoir « toujours détesté les Enfoirés. Leur dernier clip est un monument de vulgarité et de haine des jeunes. »

« Ça vous touche de savoir que Jacques Attali pense que les Enfoirés sont un monument de vulgarité? Vous savez ce que c'est que la vulgarité? », interrogent Eric et Quentin, les trublions journalistiques du Petit Journal. Et Jean-Jacques Goldman de répondre, faussement ingénu, « ben je ne sais pas, plagier un livre...? ». Une pique à l'encontre de l'ancien conseiller de François Mitterrand souvent accusé de plagiat. 

Mais l'interview de Canal+ ne s'est pas limitée à un sketch bon enfant. JJG a également pu faire passer son message. « C'est juste une chanson. Vous croyez pas qu'on cherche un petit peu la petite bête ? »

1 mars 2015

A la rencontre des indiens Mapuches du Chili en lutte pour récuperer leurs terres

(Plume citoyenne) Johanna et Antoine, deux jeunes Finistériens, sont partis pour une aventure de 5 mois en Amérique du Sud. A travers leur périple au Chili, en Argentine, au Paraguay, en Bolivie, et au Pérou, ils vont à la rencontre des habitants, de leurs modes de vie et des problématiques locales, liées notamment au développement durable. ils partagent leurs expériences sur leur blog et via des médias tels que Eco-bretons. Ils ont pu passer quelques jours en compagnie des Mapuches, ces amerindiens hors du commun. Ils nous decrivent ici un peu l'histoire de leur lutte et de leur organisation

En prenant contact avec l’association Ingalan Bro An Alre avant notre départ, nous ne connaissions que peu de chose sur l’existence des indiens Mapuches.

Accompagnés de Gurvan Nicol, co-président d’Ingalan Bro An Alre, et de Patricio Rivera-Millapan, observateur international des droits des peuples originels pour les Nations-Unies, nous avons pu rencontrer quelques unes de ces communautés amérindiennes du Sud du Chili et de l’Argentine.

La lutte des indiens Mapuches pour récupérer leurs terres

Les violences policières semblent courantes au Chili et sont régulièrement dénoncées par les associations de défense des droits humains. Parmi les populations visées, outre les étudiants dont les manifestations sont durement réprimées, les peuples originels subissent le recours a la force par la police.

Les Mapuches, littéralement « Peuple de la terre » en mapudungun (langue mapuche), réputés pour leur vaillance, ainsi que pour l’amour de leurs terres, forment aujourd’hui encore la communauté la plus importante du Chili. Leur territoire est divise en deux, entre la partie chilienne où ils seraient plus d’un million et argentine avec quelques 200 milles Mapuches.

La route ne s’est finalement pas faite mais un nouveau projet menace la communauté : la construction d’un barrage électrique en amont de la rivière passant sur leurs terres.

Aujourd’hui, c’est une femme révoltée qui veut faire de son cas (loin d’être isolé) un témoignage politique. Elle parle avec force et conviction et se battra toute sa vie pour défendre les droits de son peuple.

Nous avons rencontré d’autres mapuches lourdement condamnés, comme Emilio Berkhof, parfois même sans preuves tangibles.

L’organisation des communautés

Il y a plus de 360 communautés Mapuches qui s’autogèrent entièrement !  C’est à la fois leur force et leur faiblesse. Cette organisation a notamment surpris les conquistadors espagnols habitués à couper la tête du chef-unique pour gagner la guerre. Les mapuches n’ont pas un grand chef mais près de 360. Mais leurs divisions et leur éloignement géographique leur porte aussi préjudice.

Au sein d’une communauté il y a tout de même des rôles définis :

  • Le Longko est le chef de la communauté formée de plusieurs familles. Il ou elle est désigné(e) par filiation. Il est en charge des tâches administratives et de la bonne organisation au sein de la communauté.
  • Le Werkén est l’homme de confiance et messager personnel du Longko, qui facilite les relations et les alliances entre les familles de la communauté. C’est en général lui qui gère la communication extérieur.
  • Le Machi est le guérisseur traditionnel et le chef spirituelle garant du savoir de la communauté.  Il joue un rôle significatif dans la culture Mapuche. Les femmes sont plus généralement machis que les hommes.
Le drapeau Mapuche, symbole de la lutte d’un peuple

Le drapeau Mapuche a été dessiné au tout début des années 1990, impulsé notamment par Longko Juana Calfunao (que nous avons eu la chance de rencontrer) et avec la participation de plus de 350 Mapuches.

De haut en bas, on retrouve les couleurs bleu (pour le ciel), vert (pour la terre, littéralement le terme Mapuche désigne le « peuple de la terre ») et rouge (pour dénoncer les arrestations et les assassinats). Au centre, le ñimin, est l’instrument spirituel des Mapuches.

Ce drapeau, qui flotte fièrement dans certaines campagnes chiliennes, dénonce la lutte d’un peuple pour la reconnaissance de leurs terres et de sa culture, et rappelle aussi qu’il préfère mourir debout que vivre à genoux.

Durant toutes les manifestations (pour la terre, pour l’eau, pour demander une assemblée constituante, etc.) aucun drapeau chilien ne flotte au dessus de la foule. Seuls les drapeaux Mapuches ou d’autres communautés sont de rigueur, ou encore le drapeau chilien avec l’étoile vers le bas en signe de protestation.

Au Chili, les Mapuches sont les seuls à avoir résisté aux Incas, puis aux conquistadores espagnols. Mais leur histoire est loin d’être un long fleuve tranquille. Après avoir luttés pendant de nombreuses années contre les envahisseurs européens, l’arrivée au pouvoir du président Allende ne leur laissera que peu de répit. La dictature de Pinochet sonne bientôt la reprise des répressions et des agressions que subissent les Mapuches. En 2009, le Chili signe l’article 169 de l’Organisation Internationale du Travail, avec pour obligation de consulter les peuples originels avant tout projet sur leurs terres. Malheureusement, cette signature ne semble pas déboucher sur des mesures concrètes, et aucune concertation n’a lieu avec les populations concernées.

Leur vaste territoire est régulièrement grignoté par des firmes minières, forestières, pétrolières et des grands projets d’infrastructure. Outre leurs terres, c’est aussi des écosystèmes entiers, pourtant ressources du Chili, qui sont mis à mal. Ici, comme bien trop souvent, la course à la croissance prime sur l’environnement et le social.

Ce qui frappe, en rencontrant des Mapuches, c’est leur détermination, leur proximité avec la nature et leur volonté de vivre en paix. Ceci reflète l’incohérence avec l’image que les médias renvoient de ce peuple et que nombre de chiliens ont fini par prendre pour vrai. Les Mapuches sont en effet décrits comme des terroristes qui n’hésiteraient pas à mettre le feu à des forets, agresseraient civils et force de l’ordre, etc.

Juana, une vie à lutter pour sa terre

Longko Juana Calfunao de la communauté Juan Paillalaf est un personnage emblématique de la lutte Mapuche. Il y a une dizaine d’années, lors d’une manifestation contre un projet de route qui menaçait les terres de cette communauté, Juana et toute sa famille, y compris sa mère de 71 ans et plusieurs jeunes enfants, sont arrêtés sans ménagement. Juana, alors enceinte, perd son bébé compte tenu des nombreux coups qu’elle reçoit. Les carabineros (police chilienne) détruisent tout dans leur maison, aspergeant de javel la nourriture, déchirants les rideaux et les vêtements… ils ont tout perdus !

Traduit en justice, Juana est accusé de rébellion contre les forces de l’ordre. Excédée lors du procès elle en vient aux mains contre le juge qui lui inflige 4 ans et demi de prison.

Par Antoine et Johanna

Source :

http://www.eco-bretons.info/ecoclub/biodiversite/agriculture/rencontre-indiens-mapuches-chili-en-lutte-pour-r%C3%A9cuperer-leurs-terr

 

26 février 2015

Hétérosexuels et homosexuels : histoire d’une lente évolution vers l’égalité

 

Jusqu’en 1990, l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale par l’Organisation mondiale de la santé.

Histoire d’une lente évolution vers l’égalité.



Cet article est la reprise de notre fiche pédagogique consacrée à l’homosexualité, extraite de la pochette « Inégalités sociales et discriminations ». Vous pouvez consulter les autres fiches sur notre site www.jeunes.inegalites.fr.

Le droit d’être homosexuel

En 1990, l’homosexualité est supprimée de la liste des maladies mentales de la Classification internationale des maladies publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais, encore aujourd’hui, 78 pays sur 194 condamnent les relations homosexuelles par de la prison, des travaux forcés ou encore par la torture, selon le rapport 2014 de SOS Homophobie. Dans onze pays, l’homosexualité est passible de la peine de mort.

A l’inverse, de nombreux pays ont adopté des textes de loi qui protègent des discriminations en raison de l’orientation sexuelle. Vingt pays ont légalisé le mariage des couples homosexuels.

Date de légalisation du mariage homosexuel par pays
  Année
Pays-Bas 2000
Belgique 2003
Canada 2005
Espagne 2005
Afrique du Sud 2006
Norvège 2009
Suède 2009
Argentine 2010
Islande 2010
Portugal 2010
Mexique* 2011
Danemark 2012
Brésil 2013
Etats-Unis** 2013
France 2013
Luxembourg 2013
Nouvelle-Zélande 2013
Royaume-Uni*** 2014
Uruguay 2014
* Reconnu dans 5 Etats. ** Reconnu dans 37 Etats. *** Dans 3 Etats : Pays de Galles, Ecosse et Angleterre.
 
Être homosexuel, c’est quoi ?

Etre homosexuel, c’est avoir des relations amoureuses, sexuelles, etc. avec des personnes du même sexe que le sien. Etre hétérosexuel, c’est avoir des relations amoureuses, sexuelles, etc. avec des personnes de l’autre sexe. Avoir un très bon ami pour les garçons et une très bonne amie pour les filles ne signifie pas nécessairement qu’on est homo.

On dit qu’une personne est bisexuelle quand elle est attirée et a des relations avec des personnes deux sexes. Si la plupart des personnes découvrent leur homosexualité ou bisexualité pendant l’adolescence ou l’enfance, ce n’est pas le cas de tout le monde : certaines personnes le découvrent tardivement dans leur vie.

Combien d’homosexuels en France ?

Environ 4 % des hommes et des femmes déclarent avoir eu une expérience homosexuelle au cours de leur vie. Par contre, seuls 0,5 % des femmes et 1,1 % des hommes de 18 à 69 ans se définissent vraiment comme homosexuel(le)s [1]. En réalité, ils sont sans doute plus nombreux, mais ce n’est pas facile de déclarer son homosexualité, même de façon anonyme.

L’homosexualité est mieux acceptée

Toutes les enquêtes le montrent : le fait que deux personnes de même sexe s’aiment et vivent ensemble est de mieux en mieux accepté. En 2008, 19 % des Français n’acceptaient pas l’homosexualité, contre 49 % en 1981, selon la dernière enquête Valeurs [2]. Mais cela fait tout de même toujours près d’un Français sur cinq. Ceux qui l’acceptent le moins sont plutôt des personnes plus âgées, qui n’ont pas eu l’habitude de parler du sujet, qui ne connaissent pas de personnes homosexuelles.

Acceptez-vous l'homosexualité ?
  1981 1990 1999 2008
Oui 5 % 7 % 15 % 20 %
Non 49 % 38 % 21 % 19 %
 
Source : Enquête Valeurs 1981-2008

L’homophobie au jour le jour

L’homophobie désigne les manifestations de mépris, de rejet et de haine envers des personnes, des pratiques ou des représentations homosexuelles ou supposées l’être. Est homophobe toute organisation ou individu rejetant l’homosexualité et les homosexuels et ne leur reconnaissant pas les mêmes droits qu’aux hétérosexuel-le-s, selon la définition de SOS Homophobie.

Le logement
Certains propriétaires refusent de louer leur appartement à des couples homosexuels. Cette discrimination est punie de trois ans d’emprisonnement et d’une amende qui peut aller jusqu’à 45 000 euros. Mais le besoin ou l’envie de trouver un logement l’emporte bien souvent sur les poursuites judiciaires à engager. Les homosexuels sont alors obligés de cacher la vérité et de vivre dans le secret.

La famille
Les homosexuels sont également confrontés à des conflits avec leur famille ou avec leur voisinage (respectivement 6 et 4 % en 2013). 20 % sont victimes de rejet et d’ignorance de la part de leurs proches et 28 % d’insultes lorsqu’ils révèlent leur orientation sexuelle, selon SOS Homophobie. Affirmer son homosexualité devient plus difficile encore quand ceux qui sont censés être le plus proche de vous la rejettent.

Dans le sport
Des supporters aux entraîneurs en passant par les sportifs eux-mêmes, les insultes homophobes qui revêtent bien souvent un caractère sexiste courent les stades et les vestiaires. Notamment parce que la performance est associée à la virilité. Plus généralement, dans l’univers du sport, on considère que les homosexuels sont ceux qui pratiquent un sport plutôt « réservé » en général à l’autre sexe (danseur pour un homme ou boxeuse pour une femme, par exemple).

Au travail
L’homosexualité, si elle est connue, peut freiner l’accès à certains emplois, à des postes de direction, ou à des secteurs où il y a beaucoup d’hommes, comme la police, le bâtiment, etc. Ceux qui ne rentrent pas dans les cases « métiers, sports et qualités de garçons », comme la brutalité, la virilité ou « métiers, sports et qualités de filles », comme la douceur, la grâce, peuvent se sentir en décalage par rapport à ce que la société attend d’eux.

Les normes changent

Depuis 2003, la loi française punit par des amendes et des peines d’emprisonnement, les agressions et les insultes à caractère homophobe. Pourtant, les discriminations persistent. Il y a encore des violences physiques contre les homosexuels. Mais ce qui revient le plus, ce sont les mauvaises blagues, les allusions, les remarques par exemple sur la tenue vestimentaire, les comportements. 39 % des gens qui ont appelé SOS Homophobie en 2013 témoignent d’insultes. 22 % de menaces, 11 % témoignent de discriminations, et 6 % d’agressions physiques. La plupart ont lieu sur Internet, dans l’espace public, au sein de la famille et de l’entourage proche, ainsi qu’au travail. Attention il s’agit de témoignages reçus par téléphone ou par mail. Ceux-ci donnent une indication, mais ne constituent pas un recensement exhaustif des cas de discriminations homophobes. Ils mettent en avant le climat d’homophobie sociale alors que la loi sur le mariage pour tous est encore difficilement acceptée par une partie de la population, mais aussi une meilleure sensibilisation du public.

Influencée par l’histoire liée à la religion, la norme dans notre société, est toujours l’hétérosexualité. On considère que la sexualité sert avant tout à procréer, c’est-à-dire à avoir des enfants pour que l’espèce humaine continue d’exister. L’union de deux personnes du même sexe, ne permettant pas d’avoir des enfants, est encore trop souvent mal perçue.

Mais les choses évoluent. Quelques exemples montrent que les mentalités changent, mais surtout dans les pays développés. En janvier 2012, le grand rabbin d’Amsterdam n’a plus eu le droit d’exercer ses fonctions parce qu’il a décrit l’homosexualité comme une maladie. En 2011, des imams en Afrique du Sud et à Washington, ont fait leur « coming-out ». Le diocèse de Nice a également nommé un prêtre spécialement pour accompagner les chrétiens homosexuels. Enfin, le mariage homosexuel a été légalisé en France en 2013.

Illustrations réalisées par Damien Roudeau et Guillaume Reynard.

Notes

[1Voir l’enquête « Contexte de la sexualité en France », Inserm, Ined, Ors, données 2006

[2Les enquêtes sur les valeurs des Français sont réalisées par l’Association pour la recherche sur les systèmes de valeurs (Arval), qui regroupe une quinzaine d’enseignants et de chercheurs en sociologie et science politique, appartenant à des universités et des laboratoires de recherche situés en différents points du territoire métropolitain (Grenoble, Paris, Bordeaux...).

© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités - (voir les modalités des droits de reproduction)

Source :

http://www.inegalites.fr/spip.php?page=espacejeune_sommaire

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18 février 2015

Les étudiants qui échouent le plus à la fac sont ceux qui travaillent ?

D'après l'ancien ministre socialiste Benoît Hamon, "les étudiants qui échouent le plus aux diplômes sont ceux qui sont obligés de travailler".

Vrai, mais... 

Plus un étudiant travaille en dehors des bancs de la fac, moins il a de chances de décrocher son diplôme. C'est en tout cas ce que montre une étude publiée par l'Insee sur 1600 étudiants. Alors que le taux de réussite global à l'examen dépassait les 60%, il tombait à moins de 40% pour une partie des étudiants salariés.

Contrat long et plus de 16h hebdomadaires

Sauf que ces étudiants qui échouent ne font pas qu'un simple job. Ils travaillent au moins 16 heures par semaine. Par ailleurs, plus un contrat de travail est long, plus ce travail aura des conséquences sur les résultats aux examens. Un étudiant avec un contrat de plus de six mois perd en moyenne 1,5 point sur ses notes à la fin de l'année. Sauf que très peu d'étudiants font ce genre de travail : 13% de la petite moitié des étudiants qui travaillent.

Les petits jobs ne gênent pas les études

La grande majorité des étudiants salariés ne travaillent qu'à temps partiel et pour une durée limitée : 35% de la population étudiante ayant eu une activité rémunérée sur une année universitaire. Et pour eux, la différence n'est pas significative avec ceux qui n'ont pas besoin de travailler. D'après une étude menée à l'Université du Mans, ils ne perde qu'1% de chance de réussite à l'examen de fin d'année.
par Antoine Krempf
Source :
http://www.franceinfo.fr/emission/le-vrai-du-faux/2014-2015/les-etudiants-qui-echouent-le-plus-la-fac-sont-ceux-qui-travaillent-17-02-2015-07-40
16 février 2015

Selon deux études, la religion nuit au statut des femmes

 Selon deux études, la religion nuit au statut des femmes

(Photo : Presse canadienne / Ebrahim Noroozi)

Selon deux études, colligées par la sociologue française Jacqueline Heinen, il y a un lien important entre la religion (toutes confessions confondues) et les problèmes d’inégalités sociales que rencontrent les femmes, et ce partout dans le monde.

Et le plus surprenant, c’est qu’elle souligne que la tendance politique n’est pas déterminante. Des gouvernements progressistes comme des gouvernements conservateurs se font les facilitateurs de la mainmise de la religion sur la société, ce qui participe à la stigmatisation des femmes, à différents niveaux, que ce soit en Arabie saoudite, en Pologne, au Mexique, au Nigéria et aux États-Unis.

Même que le statut officiellement laïque d’un pays n’est garant de rien, comme l’exemple de la Pologne qui a accordé « le statut d’acteur politique et divers privilèges d’ordre économique » à l’Église catholique. Ce qui a mené à l’interdiction de l’avortement, sous un gouvernement de droite, mais « c’est un gouvernement de ‘gauche’ qui, au nom d’une ‘exception culturelle’, passa un compromis avec l’Eglise pour éviter que ne soit remise en cause cette interdiction lors de l’entrée de la Pologne dans l’Union européenne, en 2004. »

Alors qu’ici…

Au-delà des discours qui tentent de réduire à néant le bien-fondé de la critique contre le phénomène religieux au seul nom du respect des individus croyants, les conclusions de Jacqueline Heinen sont sans appel. Le relativisme n’a plus sa place quand il est clair que le pouvoir religieux coordonne à ce point le destin des femmes. Et les Québécoises sont bien placées pour le savoir, alors que voilà pas si longtemps l’Église les maintenait dans leurs cuisines pour faire oeuvre de boniches et d’usines à bébés…

Ce n’est pas parce que maintenant ici les pouvoirs religieux ont moins d’emprise que dans d’autres pays et que la lutte pour l’égalité est plus avancée ici qu’ailleurs qu’il faut pour autant baisser notre garde. D’autant plus que la sociologue pointe le modèle néolibéral comme cause de l’amplification du phénomène, parce qu’il tend à augmenter les inégalités économiques, ce qui n’est pas à risque nul, même ici :

dans tous les pays étudiés, les clivages de classe accentuent ce phénomène : selon leur statut social et économique, les femmes s’avèrent plus ou moins à même de résister à l’imposition des normes sexuées en vigueur.

Des solutions

Pour ce qui est des solutions, par ici, il faut combattre sans relâche l’intrusion de la religion dans toutes les sphères d’activités en lien avec le bien commun, avec l’espace civique, ce que l’idéal de laïcité (ou de neutralité) commande. Donc, entre autres, il faudrait le plus possible expulser la religion des écoles et arrêter de la subventionner, à tous les niveaux. Les lobbys religieux ont bien plus que le pied dans l’embrasure de la porte pour l’empêcher de fermer, il faut les repousser pour la barrer à double tour.

Pour ce qui est de la problématique plus globale, il faut mettre de la pression sur nos élus pour qu’au minimum ils condamnent ouvertement les partenaires économiques internationaux qui contreviennent à la dignité humaine, aux droits et libertés, avec un système politique et légal d’inspiration religieuse. Quoi qu’en dise notre cher premier ministre, l’intégrisme, de quelque degré qu’il soit, ce n’est un choix personnel que pour ceux qui l’imposent et l’illusion d’un choix personnel pour celles qui le subissent.

Il faut le dire et le répéter, le triste sort réservé aux femmes dans le monde grâce à la religion est un crime contre l’humanité.

Par le 11 février, 2015

Source :

http://actualites.sympatico.ca/nouvelles/blogue/etudes-religion-nuit-droits-des-femmes

11 février 2015

« M.A.L.I. est un mouvement pacifique de désobéissance civile, un mouvement féministe, laïque et pro-choix »

Ibtissame Betty Lachgar, psychologue clinicienne de formation a co-fondé en 2009 le Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles – MAROC avec Zineb El Rhazoui, aujourd’hui journaliste chez Charlie Hebdo. Pour Jeanne Magazine, elle revient sur son parcours de militante et ses luttes contre l’obscurantisme, l’intégrisme religieux et le patriarcat. Extrait de l’interview publiée dans le numéro de février.

Pouvez-vous revenir sur la création du M.A.L.I, le Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles au Maroc ? Dans quelles circonstances et pourquoi a-t-il été créé ?

M.A.L.I. a été créé en 2009 par Zineb El Rhazoui et moi-même. Zineb, aujourd’hui journaliste chez Charlie Hebdo. Au Maroc, la défense des libertés individuelles est une nécessité. Abus de pouvoir, inquisition socioreligieuse, intolérance, textes de loi abusifs, étouffent nos libertés fondamentales. D’où l’importance de la création du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles. La liberté au Maroc est loin d’être un acquis, sa préservation ou sa reconquête est un combat à mener au quotidien. Ni les institutions étatiques, ni les hommes politiques ne doivent décider à votre place. Nous voulons une société qui respecte la diversité des femmes et des hommes. Pour que cela devienne une réalité, notre voix doit porter suffisamment haut, imposer nos choix individuels et s’opposer aux lois et pratiques liberticides. C’est l’objectif de M.A.L.I. Nous avons besoin de chacun-e pour faire évoluer les mentalités. M.A.L.I. est un mouvement pacifique de désobéissance civile, un mouvement féministe, laïque et pro-choix. Mali est un jeu de mots, « mali »  signifie : qu’ai-je de différent ?

Le 26 septembre dernier, le Maroc a voté contre la résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui intègre les droits LGBT parmi les droits de l’homme. Pouvez-vous nous dire où en est le débat sur l’homosexualité et les droits des homosexuels au Maroc ?

La lutte pour la dépénalisation de l’homosexualité est un combat de longue haleine qui ne fait que commencer. Nous luttons contre l’article 489 qui condamne les rapports sexuels entre personne de même sexe, mais également contre l’article 490 qui condamne les relations sexuelles hors mariage. La liberté sexuelle est, malheureusement, loin d’être une préoccupation des associations marocaines. Le débat autour de la problématique homosexuelle est ouvert mais encore très insuffisant. Il n’existe quasiment pas de campagnes et/ou actions luttant contre l’homophobie. Nous nous retrouvons presque seul-e-s face à ce combat, surtout que nous le menons à visage découvert. De nombreux homosexuels sont encore condamnés à 3 ans de prison. Les conditions d’arrestation, les interrogatoires et les conditions de détention ne se font pas sans violence et se passent dans des circonstances moyenâgeuses. L’homosexualité est encore considérée comme une maladie et un mal absolu. Dans les prisons, les homosexuels se retrouvent souvent par exemple en cour de promenade avec des détenus atteints de maladie contagieuse.

Quel impact a eu l’ouverture du mariage aux homosexuels en France sur la communauté des jeunes LGBT marocains ?

Le débat autour du mariage aux homosexuel-le-s, il est vrai, a permis une plus grande ouverture autour de la question de l’homosexualité au Maroc. Mais il y a également le revers de la médaille, les détracteurs ont hélas pris place au débat avec des propos encore plus virulents et homophobes.

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Source :

http://www.jeanne-magazine.com/le-magazine/2015/02/09/m-l-est-un-mouvement-pacifique-de-desobeissance-civile-un-mouvement-feministe-laique-et-pro-choix_2098/

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Excision : vers une sexualité retrouvée

L’excision concerne environ 125 millions de femmes et de filles dans le monde. Parmi elles, 5% vivraient en Europe. Une terrifiante réalité rappelée par les associations à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les mutilations sexuelles féminines de ce 6 février. Un colloque organisé ces 27 et 28 janvier à Paris a permis de réunir des spécialistes de la prise en charge de ces victimes. Le Dr Béatrice Cuzin, urologue et sexologue à Lyon, s’est tout particulièrement penchée sur les dysfonctions sexuelles des femmes excisées.

Troubles de l’orgasme ou du désir, dyspareunies et plus rarement troubles de l’excitation. Les femmes ayant subi des mutilations souffrent souvent de dysfonctions sexuelles. « Graves et complexes, ces troubles ne sont perceptibles que chez celles qui en parlent », précise le Dr Cuzin. Et le plus souvent, il s’agit de celles qui demandent une reconstruction. En effet, nombreuses sont celles qui gardent leurs problèmes pour elles.

« L’atteinte de la sexualité dépend de la façon dont le femme a été excisée, de l’état du moignon cicatriciel mais aussi la violence autour de la mutilation, de l’âge auquel elles ont été excisées », indique Béatrice Cuzin. Par exemple, une femme qui a par ailleurs subi un mariage forcé, un viol, risque de présenter davantage de dysfonction dans sa sexualité. « Car il existe aussi des femmes excisées qui n’ont pas de troubles du désir ou de l’orgasme », poursuit-elle. Le clitoris n’étant jamais totalement enlevé, « le moignon peut être encore fonctionnel », explique le Dr Cuzin. « Et de nombreux phénomènes adaptatifs permettent une sexualité parfois peu perturbée. »

Des douleurs que le corps garde en mémoire

Reste que « certaines n’arrivent plus à avoir d’orgasme car leur moignon recouvert d’une cicatrice est douloureux ou insensible », souligne Béatrice Cuzin. Une prise en charge globale est donc nécessaire. Pour tenter de les aider, « il s’agit de les interroger pour mieux comprendre ce dont elles souffrent », détaille-t-elle. « Ce qui ne fonctionne pas en terme de réflexes et de blocages. » Parfois ceux-ci sont en partie psychologiques mais pas toujours. « Elles peuvent avoir des douleurs dans le corps, qui garde en mémoire les violences. En matière de sexualité, toute la gestuelle est importante. »

Une fois le bilan réalisé, « si la patiente souffre de douleurs ou d’une baisse de la sensibilité du clitoris on peut envisager une reconstruction ». Toutefois, celle-ci n’est pas une prise en charge sexologique en soi. Parfois la femme ne souffre pas de troubles sexuels mais souhaite « redevenir entière ». Or dans ces cas-là, « si vous vous contentez de tirer le moignon vers l’extérieur et qu’il n’y a pas d’accompagnement, la patiente peut rester avec un clitoris non fonctionnel. »

La sexologie féminine, « parent pauvre de la médecine »

« L’important est d’ouvrir tout le tiroir des prises en charge », souligne le Dr Cuzin. Même médicamenteux. « C’est sans doute là que les molécules que l’on connait bien chez l’homme trouverait leur place aussi chez la femme. Je propose volontiers en post opératoire des cicatrisants et des vasodilatateurs type Viagra®. » En effet, l’érection du clitoris fonctionne comme celle de la verge.

Toutefois, cette prise en charge reste fonction du médecin, car « la prise en charge n’a pas été suffisamment évaluée et étudiée », soupire Béatrice Cuzin. « Il faudrait d’ailleurs qu’elle le soit dans des centres de référence utilisant les mêmes méthodes scientifiques que les autres domaines de la médecine. Pour faire aussi bien que ceux-ci », insiste-t-elle. Pour que « la sexualité féminine cesse d’être le parent pauvre de la médecine. Sans parler des mutilations… »

Source : interview du Dr Béatrice Cuzin, urologue et sexologue à Lyon, 23 janvier 2015

Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

Source :

https://destinationsante.com/excision-vers-une-sexualite-retrouvee.html?utm_medium=email&utm_campaign=Destinationsantecom+06022015&utm_content=Destinationsantecom+06022015+CID_cdefd3fa4e67c40248509b2e39578530&utm_source=Emailing&utm_term=Lire%20la%20suite

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