En avril 1912, c’est dans cette zone, que le Titanic a coulé. Plus de 105 ans après, sur la côte Est de Terre-Neuve-et-Labrador, le spectacle des icebergs qui dérivent, détachés des glaces du Groënland, est toujours aussi impressionnant.
Et il attire des curieux. Surtout à Ferryland, une ville d’un peu plus de 500 habitants devant laquelle un énorme bloc de glace semble bloqué depuis une semaine.
Le gros glaçon mesure 46 mètres de haut, soit la hauteur de la statue de la Liberté sans sa base. Le maire de la ville, Adrian Kavanagh n’en a « jamais vu d’aussi gros dans la région », confie-t-il, dans le quotidien québécois La Presse.
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Le maire de la ville a précisé que l’iceberg resterait sans doute coincé plusieurs jours dans ces eaux peu profondes. (Photo : capture d’écran Instagram/kaelampower)
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Le phénomène est connu dans la région, appelée « Iceberg Alley » (le couloir des icebergs, en français). Plus de 450 d’entre eux ont été observés autour de la province, note, sur le site d’ICI Radio-Canada, Adam Manning, de la garde côtière canadienne à Saint-Jean, la plus grande ville de la province de Terre-Neuve-et-Labrador.
Le réchauffement climatique, associé à de très forts vents depuis la fin du mois de mars, pousse ces énormes masses de glace de l’Atlantique Nord vers le sud.
Un phénomène inhabituel si tôt dans l'année.
Le spécimen coincé devant Ferryland et les centaines d’autres tout autour sont inhabituels aussi tôt dans l’année. Habituellement, on ne compte que 80 icebergs dérivant dans la zone à cette période. La saison commence au printemps et court jusqu’au début de l’été. La meilleure période pour les observer se situe entre la fin mai et début juin.
Si les photographes sont ravis, les pêcheurs le sont beaucoup moins. Interrogé par ICI Radio-Canada, Keith Bolen, un pêcheur de Saint-Jean explique qu’il a dû rebrousser chemin à cause de la glace. Elle risque d’endommager son matériel de pêche. Résultat : son équipage n’a pêché qu’un dixième de ce qui était prévu normalement.
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Les icebergs dérivent sur des routes maritimes fréquentées par les cargos et les navires de pêche. L’arrivée précoce des blocs de glace force les bateaux à faire de longs et coûteux détours, parfois jusqu’à 650 km supplémentaires. « Cela rend tout plus cher. Nous consommons plus de carburant, prenons plus de temps et cela a un impact sur les équipements. C’est vraiment inhabituel », observe le capitaine Sid Hynes, président d’Oceanex. Les navires de la compagnie de transport maritime ont ralenti leur allure de deux à trois nœuds (de 3 à 5 km/h), ce qui peut ajouter une journée à leur voyage.
Les garde-côtes canadiens sont donc à l’affût. La Patrouille internationale des glaces de la garde côtière américaine surveille les icebergs de l’Atlantique Nord. Créée après le naufrage du Titanic, elle mène des vols de reconnaissance et produit des cartes de navigation.
Jusqu’à maintenant, elle a toujours évité les heurts entre les icebergs et un navire suivant ses préconisations. Mais le nombre de blocs de glace à la dérive inquiète. La commandante de la garde côtière, Gabrielle McGrath, n’a jamais observé une telle augmentation en si peu de temps. Elle prédit une « saison des glaces extrême, avec plus de 600 icebergs sur les trajectoires des cargos ».
PAR MARIE MERDRIGNAC