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26 août 2015

Des noms de femme pour toutes les rues de l'Ile de la Cité

Rue de Paris

 

Dans la nuit de mardi à mercredi, tous les noms de rue de l'Ile de la Cité à Paris ont changé pour porter des noms de femme. (capture Twitter @Makleiber)

Des militantes de l’association Osez le féminisme ont rebaptisé mardi soir toutes les rues de l’Ile de la Cité à Paris, avec des noms de femmes exceptionnelles. Une façon de demander à la mairie de Paris d’aller plus loin dans la féminisation des noms de rue de la capitale. Mais les rues à baptiser sont rares…

Sur les 6.200 et quelques voies et places parisiennes, moins de 200 seulement portent un nom de femmes(1).  Pour marquer les 45 ans de la création du MLF (le 26 août 1970), L’association Osez le féminisme a réalisé hier soir une opération de changement (temporaire) des noms de rue sur la très touristique Ile de la Cité au cœur de Paris : des patronymes de femmes exceptionnelles, comme celui de la navigatrice Florence Arthaud, la "petite fiancée de l’Atlantique", ou du prix Nobel l'écrivain Toni Morrison, ont été posés par-dessus les vraies plaques. Près de 200 rues ont ainsi été rebaptisées, du nom de 40 femmes remarquables, telle la mathématicienne Sophie Germain, l’océanographe Anita Conti, la jeune résistante allemande Sophie Scholl (du groupe la Rose blanche).

Certaines de ces femmes ne sont pas forcément très connues du grand public, comme la physicienne autrichienne Lise Meitner qui découvrit la fission nucléaire en 1939, ou Rose Valland, l’historienne de l’art qui a catalogué les œuvres d’art volées par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Les nouvelles "plaques" en papier plastifié ont été collées avec des perches bricolées, et du double scotch (pour ne rien abîmer) par 25 militantes et quelques militants.

Le mercredi matin, des plans avec les nouveaux noms (quais Nina Simone par exemple) devaient être distribuées aux passants pour expliquer la démarche d'Osez le féminisme. Et des noms de femmes écrits grâce à des carrés en crochet devaient être accrochés pont de l'Archevêché (devenu pont Nina Simone).

Près de 100 noms de femme apposés dans les rues de Paris depuis 2001

L’objectif de l’association est de souligner l’absence –et la non-reconnaissance- de ces scientifiques, exploratrices, sportives, artistes dans l’espace public. Et de demander que la mairie de Paris attribue le nom d’une femme à une grande place parisienne. Osez le féminisme réclame également que le nombre de rues portant un nom féminin soit multiplié par cinq d’ici 2019.

Depuis 2001, la mairie de Paris -la dénomination des rues et places est une prérogative municipale- a pourtant fait des efforts. Entre 2001 et 2007, 53 voies sur 171 rues nouvellement baptisées ont reçues un nom de femmes. En 2013, 50 nouveaux patronymes féminins ont été proposés et peu à peu officiellement inaugurés dans l’espace public.

La difficulté réside dans le fait que les nouvelles rues à nommer sont… rares ; c’est le cas de la rue Annie-Girardot dans le 13e, créée de toutes pièces dans une ZAC, un quartier sortis de terre. Mais parfois, il faut faire des contorsions afin de trouver un espace disponible, comme ce terre-plein devenu place Olympe de Gouge, dans le 3e arrondissement, au croisement entre les rues Turenne, Béranger et Charlot.

Des noms de femmes ont aussi été donnés à de nouveaux ouvrages telle la passerelle Simone-de-Beauvoir, à des équipements neufs comme les médiathèques Marguerite-Yourcenar, ou Françoise-Sagan tout récemment inaugurée dans le 10e arrondissement, ou à une esplanade créée devant la Halle Pajol, appelée place Nathalie-Sarraute, dans le 18e. En juin 2015, la maire de Paris Anne Hidalgo a inauguré la promenade Dora-Bruder, du nom de la jeune fille juive tuée par les Allemands pendant la guerre et devenue une héroïne sous la plume de l’écrivain Patrick Modiano. Il ne s’agit, cependant, pas vraiment d’une rue, mais d’un terre-plein sur une avenue dans le 18e.

Une place Nation-Beauvoir?

S’il n’y a qu’une seule station de métro portant uniquement le nom d’une femme (Louise-Michel)(2), neuf nouvelles stations du tramway des Maréchaux portent des noms féminins (Colette-Besson, Ella-Fitzgerald…). Une gare, la première à Paris, qui sera inaugurée en décembre prochain dans le 19e, s’appellera Rosa-Parks, du nom de la passagère noire qui refusa de laisser sa place à un blanc dans un bus aux Etats-Unis en 1955.

Pour multiplier le nombre de rues aux noms de femme en quatre ans, "il faudrait débaptiser, pas forcément des rues aux noms d'homme, mais des rues aux noms quelconque comme du marché, ou ajouter un nom de femme par exemple, pourquoi pas une place de la Nation-Simone de Beauvoir" précise Marie Allibert, porte-parole de l'association.

Pour Osez le féminisme, "les toponymes sont des outils qui permettent de se repérer dans l’espace. […] Ils sont écrits, répétés et intègrent en quelque sorte une culture commune des habitants de l’espace concerné. Qui ne s’est pas demandé : "mais qui est untel, qui a donné son nom à telle rue à côté de chez moi?""

Une question qui devrait être à l’avenir, plus souvent, "qui est unetelle? ", espèrent les militantes. "Les femmes se dévalorisent, elles n'accèdent pas aux meilleurs postes. Leur visibilité dans l'espace public fait partie d'un tout et n'est pas anodin, estime Aurélia Speziale, qui a organisé toute l'opération, cela permettrait de mettre en avant des héroïnes, auxquelles s'identifier, et cela passe aussi par les plaques de rue."

(1) Selon l’historienne Malka Marcovich, qui a écrit Parisiennes. De Marie Stuart à Simone de Beauvoir, ces femmes qui ont inspiré les rues de la capitale!

(2) Les stations Barbès-Rochechouart et Pierre et Marie Curie célèbrent des femmes (mais pas toutes seules).

Marie-Anne Kleiber - leJDD.fr

Source : http://www.lejdd.fr/JDD-Paris/Des-noms-de-femme-pour-toutes-les-rues-de-l-Ile-de-la-Cite-748179

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