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30 mars 2015

Douleur à la mâchoire : et si c'était un SADAM ?

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Le syndrome de Costen, plus communément appelé S.A.D.A.M, se manifeste par des douleurs au niveau de la mâchoire, mais pas seulement. Faute d'un diagnostic précoce, la recherche d'une prise en charge efficace ressemble souvent à un parcours du combattant. Zoom sur cette pathologie méconnue.

Aujourd'hui près de 10 % de la population semble être affectée d'un S.A.D.A.M -Syndrome Algo Dysfonctionnel de l'Appareil Manducateur (ou mâchoire)-, en particulier les femmes de 20 à 40 ans. Mais seule une partie des personnes touchées consulte au sujet des symptômes de cette pathologie. Pourtant, des solutions existent, pour le plus grand soulagement des patients.

Le SADAM, conséquence d'un dysfonctionnement articulaire

Au niveau anatomique, les A.T.M, ou articulations temporo-mandibulaires, situées de part et d'autre de la mâchoire, assurent des fonctions déterminantes au niveau de la parole, de la déglutition ou de la mastication. En conséquence, elles sont la clef de voûte de l'occlusion dentaire et donc du bon engrainement des dents du haut sur les dents du bas.

Le dysfonctionnement de ces articulations, quel que soit son origine (articulaire, orthodontique, musculaire, nerveux…), entraîne un déséquilibre qui se répercute progressivement sur l'ensemble des chaînes musculaires et enfin sur la posture du squelette tout entier, provoquant alors l'apparition de symptômes non spécifiques (exemple : pression de la branche montante de la mandibule au niveau de l'os temporal, qui peut entraîner des douleurs de l'oreille et des acouphènes).

Les facteurs favorisant l'apparition d'un SADAM

Le plus souvent, les patients atteints d'un SADAM n'ont pas de pathologie directe de l'ATM : cette dernière dysfonctionne en raison d'une hypercontraction des muscles.

Ces hypercontractions peuvent être dues ou favorisées par :

  • Le stress en lui-même ;
  • L'obstruction nasale chronique, qui va retentir sur la ventilation et, chez l'enfant, la croissance de la mâchoire ;
  • La perte des dents postérieures ou de certaines prémolaires, ce qui va faire reculer la mâchoire ou modifier l'occlusion dentaire ;
  • La crispation des mâchoires ( bruxisme), également le plus souvent lié au stress

SADAM : des symptômes peu spécifiques

Douleurs et/ou craquements de la mâchoire, blocages, mais aussi douleurs aux tempes, aux oreilles, névralgies faciales, cervicalgies, acouphènes, mal de dos, fatigue visuelle ou torticolis qui ne font pas forcément penser à une origine buccale : les personnes victimes d'un SADAM sont souvent dans l'incapacité de situer précisément la zone dont partent tous leurs maux. Dans les cas les plus évolués, les personnes touchées peuvent ressentir des vertiges et rencontrent de réels problèmes d'équilibre.

Les douleurs des tempes et des douleurs que les patients situent au niveau des oreilles semblent cependant être le point commun aux diverses manifestations de ce syndrome.

Une possible errance diagnostique

Mal connu du grand public, les symptômes du syndrome de Costen, souvent provoqués par le stress, sont confondus avec de la spasmophilie. Le SADAM affecte le plus souvent des individus de nature anxieuse et peut d'ailleurs être associé à des crises de fibromyalgie ou de spasmophilie. Conséquence : ses conséquences sont trop souvent traitées comme des symptômes dépressifs, au moyen d' antidépresseurs et d' anxiolytiques, alors qu'il y a surtout un aspect mécanique, lésionnel à corriger.

Les examens complémentaires - panoramique dentaire, voire IRM des ATM - vont permettre de confirmer, ou non, l'existence d'une lésion anatomique constituée (modifications de l'appareil discal et des surfaces articulaires), ce qui va permettre d'affirmer le diagnostic.

Une prise en charge souvent pluridisciplinaire

En raison de ses causes et des anomalies mécaniques consécutives, le traitement du SADAM est souvent pluridisciplinaire : dentiste, médecin généraliste, kinésithérapeute, éventuellement chirurgien, psychologue, psychiatre. Ce traitement repose principalement sur :

  • Le soulagement des symptômes : relaxation (kinésithérapie, éventuellement myorelaxants), lutte contre les douleurs ( antalgiques, anti-inflammatoires), anxiolytiques en cas de composante psychologique associée ;
  • La correction des anomalies articulaires : rétablissement orthodontique d'une occlusion stable, avec en particulier le port d'une gouttière amovible qui va permettre la stabilisation de la mandibule lors de la fermeture, une rééducation des muscles et un recentrage de l'articulation ;
  • La correction des facteurs favorisants : remplacement de dents manquantes, prise en charge d'un stress et/ou d'un bruxisme chronique, correction de troubles éventuels du sommeil ou de la ventilation, traitement de l'obstruction nasale, etc.

La chirurgie peut être un recours dans certains cas, lorsque la mandibule est positionnée trop en arrière (rétrognathie), trop en avant (prognathie) ou déviée d'un côté (latérognathie). Mais par contre la chirurgie de l'ATM elle-même ne semble pas apporter de résultats intéressants (douleurs post-opératoires, fibrose, etc.). La priorité est donc le traitement de l'occlusion, tout en soulageant les symptômes le temps que cette correction soit effective.

Enfin dans certaines formes très douloureuses, rebelles aux antalgiques classiques, la toxine botulique peut être testée sur les muscles de la mâchoire.

En conclusion, en cas d'apparition de troubles musculosquelettiques dans le visage, la mâchoire ou la nuque, il faut en parler rapidement, par exemple à votre dentiste qui pourra déceler un éventuel dysfonctionnement articulaire. Il vous orientera alors vers un stomatologue ou un chirurgien maxillo-facial plus à même de poser un diagnostic précis et surtout d'enclencher une prise en charge efficace, sans attendre l'installation des troubles et la dégradation de l'articulation.

Le rétablissement d'une bonne occlusion dentaire, via notamment le port d'une gouttière, et la correction des facteurs favorisants, en particulier l'obstruction nasale, permettent le plus souvent de corriger ce trouble.

Marine Blondet
Dr Jean-Philippe Rivière

Sources :

"Faut-il  opérer les syndromes algo-dysfonctionnels de l'appareil manducateur (SADAM) ?", R Gola et coll., E-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie, 2005, 4(3) : 30-41, article téléchargeable en ligne

Source : http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/rhumatismes/articles/14905-sadam-douleur-machoire.htm

 

 

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